Maurice Gagnon- Octobre

Le lendemain matin, il faisait 6C dans la cabine. C'était évidemment un décor très peu enchanteur, surtout avec le bruit du pont tout près. Mais soleil présent, je suis donc parti sur le fleuve, accompagné d'un courant favorable pour Boucherville. Alors, je suis parti de l'écluse de St Lambert, le 7 octobre au matin. Parti pour Boucherville, afin de voir une amie de longue date, en passant. Je suis ancré au Yacht Club de Mesy, aux îles de Boucherville. Petit (très petit) yacht club avec des gens sympathiques. À cet endroit, j'ai rencontré une personne qui a bien voulu m'accompagner jusqu'à Albany, pour m'aider à faire les écluses.

De Boucherville, le 8 octobre, parti pour Sorel afin de descendre les mâts. À Sorel, la marina est presque fermée, les quais presque tous enlevés, mais la grue fonctionne (ils ont le sens des affaires: 45$ pour la grue que j'opère moi même). Passons la nuit attachés à un quai démonté, dans la rade. Bien attaché les mâts et les bômes.

Jeudi le 9 octobre, partis pour la rivière Richelieu. Ancrés au mille 22 et demi sur le Richelieu. après l'écluse de St Ours, juste avant St Charles sur Richelieu.

Départ de la rivière pour arriver aux écluses de Chambly. À ce temps-ci de l'année, ils ont enlevé les bouées dans le bassin Chambly et celui-ci est plein de hauts fonds, quelle chiasse! On arrive aux écluses. Passé la nuit au quai de l'écluse. Ici, ils chargent pour s'attacher au quai : 27$ nuit. Pour comparer, écluses du St Laurent 25$ chaque écluse. Écluse St Ours, 27$. Demain, le canal Chambly coûtera 42$.

Début des écluses à Chambly, environ 4 heures pour faire les écluses. Sortie à St Jean. Fait moteur sur le Richelieu. Ancré passé St Paul Ile Aux Noix près de la bouée E508 (mauvais endroit à cause des bateaux moteurs qui se foutent qu'on soit à l'ancre). C'était une journée ensoleillée avec très peu de vent.

Au matin, il a fallu attendre que la brume se dissipe avant de partir. J'ai fini par installer l'autopilote. Je l'essaie ces jours-ci. Il va bien et je vais m'en servir beaucoup dans ce voyage. Il sera un fidèle ami. Je dirais même qu'il est indispensable. Sommes partis pour la frontière américaine. Surprise, ils ont changé le poste de douanes: il est juste sous le pont avant d'arriver à la marina où il était avant. Les douaniers sont très relax, ils aiment le bateau et sont très jasants. Le permis de croisière ne coûte plus rien. Il y a seulement le fait qu'il faut se rapporter à chaque port majeur le long de la route. Le soleil est bon et le vent est absent toute la journée. Avons roulé à moteur jusqu'à Nichols Point, Vermont.

Départ, moteur toute la journée. Vent de face à 10 nœuds puis faible en pm. soleil couvert avec une ou deux éclaircies. Ancré au fond du lac, à Orchard point, près du Fort St Frederic, à côté du pont. Aucun vent, la lune est voilée. Les paysages ont été magnifiques. Le coucher de soleil est spécial.

Partis de Orchard point pour Whitehall, la première écluse du canal de la rivière Hudson. On est chanceux, on fait la première à 4pm,pour pouvoir s'accoster au quai public (gratuit) de la ville avec électricité et eau potable. Les douches sont à l'hôtel de ville à 500 pieds pour 2$ par personne.Le paysage entre Orchard point et Whitehall est splendide et j'ai pris beaucoup de photos. Mais je ne t'en donne que deux. Imagine, 9 écluses à faire et le prix total est de 15$.

J'avais besoin d'un peu de repos. Dormi un peu le matin. Fait un peu de lavage, sorti les bicyclettes pour la première fois et nous sommes promenés en ville pour faire des achats et à 2.15, partis pour d'autres écluses. Sommes arrêtés à l'écluse 9 (j'ai fait une erreur, il y en réalité 13 écluses, ou peut-être 12. Je confirme plus loin), où on passe la nuit.

Pas de vent, pluie, pas trop froid, le poêle est difficile à partir avec cette humidité. On attend que ça passe.11.15 départ pour faire d'autres écluses. On arrête avant l'écluse no 4, ancré entre bouées R98 et R96.

Au matin, il fait 11C dans la cabine. On chauffe un peu. On finit les écluses du canal et on finalise par celle de Troy (écluse commerciale) avant d'arriver à Albany. On ancre près de la bouée R216, un peu au sud d'Albany. Dans l'écluse de Troy, on a du partager l'espace avec un remorqueur qui poussait une énorme barge.

La température extérieure est 26F et à l'intérieur, c'est 5C. Vents N-E 5-10 nœuds (pm 15n). Sommes partis reconduire l'équipière à Albany. L'autobus est à 8 minutes de marche du quai public sur la rivière. Nous sommes dans le vieux Albany avec ses vieilles maisons. Je repars seul pour le Castleton boat club. J'ai été vraiment bien reçu. J'ai mangé des bons repas, pas chers en bonne compagnie; il y avait un bateau canadien et un autre américain. J'ai aidé à mater deux bateaux et demain ceux-ci vont m'aider à mater le mien. Le boat club charge 65$ pour l'usage de la potence et en plus elle est complètement manuelle au rythme de 4 tours de manivelle pour un quart de pouce de levée. Nous sommes parallèles à la rivière, et tout bateau qui passe créant une vague pose une situation très délicate. Il y a même des cargos et barges qui passent. Je dors au quai avec ma chaufferette branchée. Il fait froid.

Rempli fuel et fait pump out. Soleil radieux, temp 57F(14C). Roulé à moteur, le courant de marée avec celui de la rivière fait 2 nœuds. J'ancre près de la bouée R104, ici il n'y a pas de baies ou mouillages protégés.

Vent de sud à ouest 5-10n, couvert, pluie occasionnelle. il fait un peu froid. Le soleil sort en fin de journée. Ancré près de la bouée RN54 dans une petite baie (microscopique) qui est au nord de Danskammer point, complexe industriel boucannant fortement, le courant est plutôt fort.

Couvert, vent 5-10 nœuds et plus tard 20n++ Parti au matin à moteur parce que le courant est fort et que je dois me concentrer sur le pilotage. Je sais aussi que le port de NY n'est pas un endroit ou faire de la voile. Le vent continue de monter toute la journée. Arrivé au port de NY, j'avance avec de gros rouleaux derrière moi. Un marin m'a dit qu'à la 76 rue, il y avait un mouillage protégé. Quand je suis arrivé au mouillage, il était à découvert et ça valsait assez que je voyais la racine des quilles de bateau au mouillage! Noirceur arrivant, il m'était impossible d'aller plus loin dans ce fouillis de circulation et de grosses vagues. Alors j'ai choisi d'ancrer à Union City, de l'autre côté du port dans une micro baie, sous le vent, en partie, d'une jetée, dans 6 pi d'eau, devant des immeubles à condo. La vague était assez forte pour contourner la jetée et venir me chercher. Ça dansait assez que j'avais de la difficulté à marcher sur le bateau.
N'ayant pas le droit d'ancrer à NY, je m'attendais à avoir de la visite. Je savais aussi que, avec mon petit moteur, si j'essayais d'entrer dans une marina par vent de travers, je me fouterais dans le pétrin. En ancrant, la barre du bateau a été projetée avec force d'un côté et a passé par dessus le stop, construit originalement, et s'est coincée. Je ne pouvais plus bouger de là tant que je n'avais pas réparé. En plus, la barre de côté a fait que le bateau dansait encore plus! La trappe d'accès étant sur la plateforme arrière, au niveau de l'eau, je ne pouvais y accéder tant que le temps ne se calmait pas. Me suis donc couché tout habillé, prêt pour la cavalerie. À minuit trente, je me réveille pour voir que ça s'est calmé assez pour réparer. Je vois que je suis éclairé par un énorme projecteur depuis la rive.
Possiblement pour me dire de déguerpir et de signaler ma présence au trafic, le réflecteur est resté allumé jusqu'aux petites heures du matin. J'ai dormi en attendant la visite qui n'est jamais venue. J'ai donc écris dans mon journal pour cette nuit: Ça valse à écœurer le monde! 1 photo prise au début de la journée.

Très tôt, ce matin, je lève l'ancre et je décolle. Le port de NY est littéralement envahi par les taxis d'eau. Il y en a des petits, moyens et de gigantesques. J'ai marqué dans mon livre de bord « Il y a des taxis d'eau comme des mouches à fruit sur une pomme pourrie ». Je me dirige vers Atlantic Highlands, au fond de la baie de Sandy Hook. La réception au quai de service est très business, on m'indique que je peux ancrer au bout, en arrière du brise lame, parce que l'endroit est rempli de mouillages payants à 45$ la nuit. La prise pour l'ancre est bonne, mais je m'apercevrai, en partant, que le fond est vraiment sale (c'est comme du goudron, au fond!) Je ne repartirai d'ici que dimanche le 26 octobre. Je me repose et j'en profite pour finaliser quelques installations sur le bateau. Le paysage est beau et il ne fait pas aussi froid qu'avant.

Je décide de rester à l'ancre. On annonce du vent fort pour les prochains jours. Une partie de moi se sent coupable de ne pas pousser + fort, et l'autre qui dit: prends ton temps, repose toi. Je fais un changement d'huile(déjà 100 heures de moteur depuis le départ), je me promène avec le dinghy pour chercher du bois de chauffage, je marche sur la plage.

Vents S-O 10-30n, couvert. Il n'a pas fait froid cette nuit, 61F ds le bateau au réveil. Le vent qui était absent cette nuit, s'est levé ce matin. L'éolienne s'en donne à cœur joie.

Je pars le matin et hisse les voiles. Je fais environ 30 minutes de voile pour devoir repartir le moteur parce que le vent a tombé. Ce vent reviendra plus tard, mais léger et pas dans le bon angle. Je ferai de la voile moteur pour m'assurer d'arriver avant la nuit. J'arrive, au crépuscule à Barnegat light; un endroit non recommandé par le guide qui dit que ça prends des connaissances locales. Juste comme j'arrive dans le inlet, le vent est tel qu'il fait un angle avec l'entrée. Ceci a pour effet de créer un vortex et me permet de découvrir un énorme haut fond dans l'inlet, des petits bateaux moteurs de pêche s'amusent à volonté dans ce tourbillon! Mais moi je dois passer à 50 pieds de cela et je sais que si une vague me pousse vers ce vortex, mon moteur ne sera pas assez fort pour l'éviter! Je continue mon chemin parmi des vagues qui me propulsent vers l'intérieur et bientôt, je suis en eau tranquille. Je jette l'ancre dans dix pieds d'eau, derrière un bras de sable et d’herbes.

Je suis resté au mouillage, on annonce une tempête de vent (Gale warning), dinghy à terre et parcouru le village qui a très peu à offrir; pas d'épicerie, etc. Tout est fermé parce qu'on est hors saison. J'étudie mon livre de GPS pour voir si j'arriverais à me servir de cet instrument.

Resté au mouillage, vents trrrrrrès forts 40-50n+, couvert, pluie et fortes bourrasques. L'ancre tient bon. Je suis content de mon système d'ancrage.

Resté au mouillage encore, vents encore très forts, mais diminuant un peu. Soleil, Vents O-NO 25-30n.

Je pars pour Atlantic City, la passe pour sortir me laisse nerveux; mais tout va bien. Les vents sont N-O 10-25 nœuds. Un peu de voile mais ils sont variables, je pars le mote4ur. J'arrive à un quai pour remplir de fuel à 5pm. C'est le Trump marina à 3$ du pied. Je dis au pompiste que je suis sur un budget et ne puis me permettre ce montant. Il me réponds que, étant à la fin de son quart, il part dans 30 minutes, que si je m'avance au bout du quai et tourne le coin, il me laissera le quai sans service pour 15$. Je lui offre 20$ si, après qu'il est parti, je me branche sur 120V. Avec ça, j'ai douche et buanderie. Quel luxe! Le hic est que je dois partir avant 8am le matin. Il s'avère que les douches furent un désappointement. Je manquais de 25 sous pour faire du lavage, et j'ai du marcher jusqu'au bureau pour de la monnaie, le bureau étant fermé, on me dirige vers le casino! Alors j'ai du monter jusqu'au 3e, traverser une salle de machine à sous pour me rendre au bureau de change pour avoir 5$ de 25 sous; ceci avec mon sac de lavage! Je détonnais dans le paysage.

Départ d'Atlantic City pour Cape May. Vents O puis S-O 5-10-15n. Fait tantôt voile, tantôt moteur, tantôt les deux. Sans accrocs, ancré près de la base des gardes-côtes. La dernière fois que je suis passé ici, soit en 1987, c'était un port tranquille, ou on pouvait encrer partout. Maintenant, il y a 4 gigantesques marinas de bateaux moteurs dédiés, il semble à la pêche sportive. Alors, chaque matin, on assiste à un exodus, style heure de pointe, vers la mer, avec les vagues qui vont avec. Le soir c'est l'inverse. Cela a beau être une zone sans vague, on se fait rouler de toutes parts. L'ancrage est profond et d'après ce que j'ai entendu, les ancres peuvent chasser. Il y arrive souvent de forts coups de vent.